Mandragore et sa dame avaient acquis un ravissant domaine où ils pouvaient jouir de chaque pièce. Chaque pièce excepté une.
La cuisine était LE domaine de Madelinette, la cuisinière. Chaque chaudron, chaque ustensile avait sa place. Les tresses d'ail étaient suspendues au-dessus de la cheminée. Les herbes séchées pendaient au-dessus de la table de travail. Une niche pour le four à pain avait été aménagée sur le mur donnant à l'extérieur, et la cheminée permettait d'y faire rôtir un cochon entier.
De la cuisine, une porte donnant sur le jardin, où Isabella cultivait herbes et légumes. Quelques arbres fruitiers bien alignés un peu plus loin, et un poulailler pour des oeufs frais à l'année. Madelinette n'avait qu'à demander, et Isabella lui apportait.
De la cuisine encore, une porte menant à une chambre froide, où étaient conservées les viandes, les céréales et les racines qu'on ne voulait pas voir se gâter trop vite. Y étaient rangées les récoltes de l'été et de l'automne pour tout l'hiver jusqu'au printemps. Les fins de saisons froides étaient rudes et la maisonnée devait vivre des dernières réserves. La cuisine était tout un art et Madelinette était une artiste.
De la cuisine toujours, une porte menant à la cave, où Mandragore avait entreposé ses tonneaux. Il existait trois clefs. Mandragore, Estaloth, et Madelinette. Il était hors de question que les domestiques passent les uns après les autres pour se rincer le gosier! Le maître des lieux n'était pas avare de partager ses alcools. Il suffisait de bien travailler et d'être patient. La chope venait bien assez vite.
Enfin, à la cheminée était fixée une série de clochettes menant aux différentes pièces de la demeure. Si quelqu'un avait besoin de quelque chose, il lui suffisait de tirer à sa cloche et Madelinette, ou n'importe quel autre domestique disponible, venait s'enquérir des besoins.
La cuisine, c'était le royaume de Madelinette. N'y entre pas qui veut sans son autorisation préalable.